Vous êtes certainement très nombreux à souffrir de la présence du frelon asiatique aux abords de vos ruches. Il est certain que depuis qu’il est apparu en Europe, il a créé de gros dégâts au sein des colonies d’abeilles. En effet, nos protégées ne se sont pas encore adaptées à ce nouveau prédateur et restent les victimes impuissantes de leur appétit vorace. Vous êtes nombreux à avoir acheté une raquette de badminton pour pouvoir les éclater en vol avec délectation. Ça soulage et permet d’éliminer quelques spécimens mais vous en conviendrez, cela ne règle pas vraiment le problème. Découvrez dans cet article comment lutter contre le frelon asiatique.
À ce jour, il n’y a pas de solution miracle. Afin d’aider nos colonies, nous pouvons au mieux contenir le phénomène. Pour lutter contre le frelon asiatique, nous pouvons agir à trois niveaux : le piégeage, la destruction des nids et la protection des ruches.
Ces trois modes de lutte complémentaires sont actuellement nécessaires pour réduire la pression sur les ruches en attendant l’émergence d’une solution plus efficace ou l’adaptation des colonies d’abeilles à ce prédateur.
La destruction des nids
La destruction des nids doit être systématique mais cette solution se heurte à plusieurs difficultés majeures. Il reste souvent difficile de repérer les nids compte tenu de leur localisation dans les feuillages et/ou à des grandes hauteurs.
Détruire un nid demande l’intervention de spécialistes en raison des accès délicats et du danger que cela représente. De plus, l’utilisation de pesticides puissants pour détruire le nid reste controversé compte tenu des effets indirects sur les espèces voisines.
Le piégeage
Le piégeage est un mode de lutte intéressant mais qui doit être mené de manière réfléchie. En effet, les pièges inadaptés ou utilisés avec des appâts inadéquats tuent trop d’insectes inoffensifs. Il est souvent recommandé de placer des pièges très tôt dans l’année pour attraper les reines frelons fondatrices. Cela parait logique, mais il semblerait que réduire la concurrence entre reines peut amener à produire des colonies et des nids de frelons asiatiques encore plus gros.
Les modes de piégeage sont assez variés et basés sur les principes suivants :
- Les boites à cônes : construites de manière très simple avec quelques bouteilles plastiques ou par des assemblages plus sophistiqués, le principe consiste à attirer le frelon par un appât au travers d’une nasse (le cône) où il ne retrouvera pas la sortie.
Image : Icko apiculture
- Les harpes électriques : ce système est principalement composé d’un générateur électrique et d’une grille de fils conducteurs disposés en parallèle à une distance permettant de ne piéger que les insectes de la taille des frelons.
Lorsque le frelon passe au travers, il est électrisé, tombe dans un bac d’eau et se noie.
Ce système spectaculaire est efficace mais impose la mise en place de moyens assez importants (batterie, grille, boitier électrique, etc.). Rien n’impose au frelon de passer par cette grille, les prises restent aléatoires.
Image : Apiprotection.fr
La protection de la ruche
En ce qui concerne la protection des ruches, diverses solutions sont proposées. Ici, l’objectif visé n’est pas la destruction des frelons mais la protection des abeilles.
- Grilles anti-intrusion : Une grille est placée temporairement contre l’entrée de la ruche. Cette grille, dont les trous de passage ne dépassent pas les 5,5 mm en général, rend impossible l’intrusion du frelon. Ce système est efficace même cela pose des problèmes aux abeilles (perte de pollen, difficulté pour évacuer les déchets, etc.). Ces grilles sont à enlever en dehors de périodes d’attaques. Le frelon pourra cependant chasser en extérieur. Les abeilles restent stressées par la pression imposée par les frelons aux abords de la planche d’envol et autour de la ruche.
Image : Les coteaux du Lambrian
- Les muselières : une petite cage est placée devant l’entrée de la ruche. Cette cage comporte des ouvertures de différentes tailles et de différentes formes suivant les modèles. L’objectif de ces dispositifs est de tenir le frelon à distance de la planche d’envol. L’abeille peut s’envoler de manière plus sereine. Les modèles proposés offrent des planches d’envol plus larges avec des ouvertures plus ou moins larges pour restreindre le passage du frelon. Cependant, si les ouvertures sont trop larges, le frelon semble s’adapter et s’introduit tout de même dans la muselière. De plus, rien de l’empêche de se poster en embuscade sous la ruche comme cela est fréquemment constaté.
Image : Icko apiculture
Les cloches anti-frelon : Les protections RUCHE PROTECT sont issues de réflexions et de tests réalisés avec des apiculteurs. Cette solution permet de limiter l’impact de la présence des frelons asiatiques aux abords des ruches. Elle doit rester complémentaire au piégeage et la destruction des nids.
L’idée est de pouvoir mettre les ruches et ruchettes sous cloche (à commencer par les plus exposées : faible population, ruchettes, etc.). La cloche est fabriquée à partir d’une maille plastique dont la rigidité lui permet d’être autoportante.
Ce système évite la fabrication artisanale d’une ossature en bois, métal ou plastique recouverte d’un grillage métallique comme on peut parfois l’observer. De plus, le coût de la protection RUCHE PROTECT reste inférieur à l’ensemble des composants qui seraient nécessaires à la réalisation d’un système fait maison (grillage, ossature, etc.).
La solution proposée repose sur une enceinte livrée en rouleau qui pourra être formée par l’apiculteur en suivant une notice technique simple. La mise en forme se fait sans outillage et sur place (au pied de la ruche).
Ces protections recouvrent la ruche jusqu’au sol, ce qui évite d’avoir des frelons postés ou navigants sous la ruche comme cela se produit souvent. Le faible poids de la protection (moins de 2kg) permet à l’apiculteur de la retirer sans difficulté lorsqu’il doit intervenir.
Pour le frelon asiatique, cette grille est perçue comme un obstacle lui rendant la chasse plus difficile.
Soit il choisit de traverser la maille. Dans ce cas, il doit obligatoirement se poser car il est trop gros pour voler à travers. Puis il devra chasser dans une zone très proche de la planche d’envol, se mettre en danger et aura des difficultés pour ressortir avec son butin.
Soit il décide de rester à l’extérieur de la protection. Dans ce cas, il laisse une plus large possibilité aux abeilles de l’éviter du fait de son éloignement.
En ce qui concerne les abeilles, le stress est limité car les frelons asiatiques seront tenus à distance et ne pourront plus voler aux abords de la planche d’envol. La dimension des orifices de passage des protections RUCHE PROTECT ne restreignent pas l’essaimage et garantissent une activité normale de la colonie après une période d’acclimatation de 24 h en moyenne.
L’autre avantage non négligeable de ce système est d’éviter la dégradation des ruches et la perte d’abeilles dues aux pics verts. En effet, le pic vert ne peut pas entrer dans l’enceinte et est donc tenu à distance de la ruche.
L’apiculteur doit utiliser ce type de protection lors des périodes de forte prédation par les frelons asiatiques. Si les frelons asiatiques rencontrent des difficultés à chasser sur les ruches équipées, ils iront chercher des proies plus faciles à atteindre ailleurs. Lors des périodes calmes, il suffit de retirer la protection et de la stocker au sec ou en extérieur pour l’année suivante. Démontée et roulée, son encombrement reste modeste.
Ce système de protection est livrable également en rouleaux. Il permet, avec quelques notions de bricolage, de fabriquer des structures adaptées à des tailles de ruches non standards ou de créer des formes personnalisées.
Les apiculteurs ont des habitudes assez diverses pour reposer leurs ruches au sol. Celles-ci peuvent reposer sur des pieds, des parpaings, des barres ou chevrons rehaussés, des palettes, etc.
Quel que soit le système choisi, il est important de recouvrir la ruche jusqu’au sol. Dans certains cas, il sera donc nécessaire de faire des découpes adaptées aux supports de la ruche. Celles-ci se feront très facilement avec un sécateur, une pince coupante voire une paire de ciseaux.
La manière de procéder reste simple et est décrite dans une notice de montage. Ceci n’entrave ni la pose ni l’enlèvement de la protection. La structure de la maille se déforme aisément lorsqu’on la tire ou la pousse à travers les supports. Lorsqu’on la remet en place il suffit juste de la réajuster manuellement au niveau des découpes pour la rendre hermétique.
Le système proposé a été déposé auprès de l’INPI.
Les protections RUCHE PROTECT sont issues de réflexions et de tests réalisés avec des apiculteurs. Elles permettent de lutter contre les méfaits et les dégâts provoqués par les frelons et le Pic Vert sur les abeilles et les ruches.